Jean-Yves Ollivier : biographie

JYOBIO

 

D’habitude, pour me présenter, je dis à peu près ceci : je suis Français, né en 1944, courtier de matières premières et intermédiaire pour de grandes entreprises. J’ai un tropisme pour l’Afrique mais je travaille dans le monde entier et, de plus en plus, dans les « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

Tout au long de ma carrière, j’ai mené parallèlement à mes affaires une « diplomatie d’influence » en usant de mes relations personnelles avec des chefs d’État et leaders politiques, pour faciliter des médiations de paix.

Mais si je devais résumer ma vie, surtout au profit des jeunes qui viennent après moi, ce qui précède et ce qui va suivre tiendrait en une seule phrase : tout est possible, ne croyez pas ceux qui vous disent le contraire, croyez en vous quelles que soient vos origines ou les circonstances !

Ma vie n’est en rien exemplaire sauf pour cela.

Les cassures du destin d’un « pied-noir »

Je suis né, le 8 octobre 1944, à Alger, donc “pied noir”. Mon père, Claude-Alexis Ollivier, était ingénieur-mécanicien. Ma mère, Eugnénie Tabet, s’occupait de moi et de mes deux frères cadets, Marc et Pierre. Quand on lui demandait lequel de ses enfants elle aimait le plus, elle répondait: “Celui qui a le plus besoin de moi”.

Nous avons eu cette chance d’être aimé et d’avoir eu des parents qui s’aimaient entre eux.

Cependant, par la suite, tout n’a pas été facile.

Je n’ai même pas le bac. J’ai accompli ma scolarité à Alger jusqu’en 1962 quand ma famille, comme un million d’autres Français d’Algérie, a dû fuir le pays qu’elle croyait le sien. Moi, à dix-sept ans, j’avais pris fait et cause pour « l’Algérie française ». J’avais porté des messages secrets à Paris. Cela m’a valu d’être arrêté, des interrogatoires musclés et cinq mois de détention préventive avant d’être finalement relâché.

L’expérience m’a marqué à vie. J’avais beau tenter ensuite d’intégrer un lycée à Paris, où ma famille s’était installée, la vie m’avait happé et sorti du cocon scolaire. Bien plus tard, lorsque nommé par décret du Premier Ministre, le PDG de CDF-Chimie m’a accueilli en m’interpellant : « Qui êtes-vous ? Quel cursus vous a permis d’atterrir dans mon conseil d’administration ? », je lui ai répondu : « la prison ».

Mes premiers pas de courtier

Là encore, il y a plus long à dire. Sorti de prison et inapte à l’école, j’étais parti à Londres en 1964, pour ne plus être à la charge de mes parents. Sans le sou, j’avais joué mon va-tout sur une petite annonce dans The Times : « Need French cook for your dinner party ? Please call… ». Après six mois comme cuisinier de dépannage, j’avais trouvé un stage chez Strauss, Turnbull & Co, une maison de négoce où je me suis initié au commerce de l’or, en particulier avec l’Afrique du Sud.

Voilà ce qui m’a mis le pied à l’étrier. En 1966, je retourne à Paris et, fort d’une recommandation de mon employeur londonien, j’entre chez J.A. Goldschmidt SA où je m’occupe du négoce de céréales, notamment à destination de l’Afrique. En 1969, je deviens directeur commercial chez Grainex SA. Je réussis alors une percée commerciale en Chine populaire, en pleine « Révolution culturelle ».

Entre 1970 et 1975, j’étends mon champ d’action au Moyen Orient, au Japon et au Bangladesh comme directeur du développement international de la Compagnie algérienne de meunerie (CamSA).

En 1975, je deviens mon propre patron, à la tête du groupe Arinco, une maison de négoce spécialisée dans les grains. Cependant, à la suite du premier « choc pétrolier », je m’intéresse de plus en plus aux hydrocarbures, d’autant que j’ai noué de nombreux contacts au Moyen Orient me donnant accès aux sphères dirigeantes sur la péninsule arabe et, aussi, au Soudan. En 1980, je m’associe au sein de Vitank à Henk Vietor, un homme-clé voire une légende dans le monde du pétrole.

Afrique du Sud : un « complot pour la paix »

En 1981, un voyage exploratoire en Afrique du Sud, alors « le pays de l’apartheid », réveille en moi des souvenirs. C’est comme un « déjà vu » de ma jeunesse algérienne : ici, aussi, une communauté aveugle au partage de « son » pays avec la majorité des habitants risque à terme d’être jetée à la mer.

Comme je fais aussi des affaires dans les « pays de la ligne de front », et notamment au Mozambique marxiste, je décide de m’impliquer pour la paix en Afrique australe et une sortie négociée de l’apartheid.

A cette époque, de façon informelle, je conseille sur l’international Jacques Chirac, maire de Paris puis Premier ministre. A sa demande, j’ai entrepris en 1985 une mission secrète en vue de la libération des otages français au Liban (Marcel fontaine, Marcel Carton, Jean-Paul Kaufmann et Michel Seurat). Au cours de cette mission, je m’étais notamment rendu en Iran, sous couvert d’appartenir à une délégation mozambicaine.

En 1987, avec le soutien de Jacques Chirac, je sers d’intermédiaire pour des contacts secrets entre les « états de la ligne de front » et le pays de l’apartheid. Toute l’Afrique australe, du Mozambique à l’Angola, est alors en guerre. Pour instaurer un début de confiance, je négocie pendant sept mois un vaste échange de prisonniers, qui permettra également la libération de deux militants anti-apartheid détenus en Afrique du Sud, le coopérant Pierre-André Albertini et l’anthropologue néerlandais Klaas de Jong.

Le 7 septembre 1987, sur l’aéroport de Maputo (Mozambique), 133 soldats angolais et une cinquantaine de combattants de la SWAPO, le mouvement indépendantiste namibien, sont échangés contre le capitaine Wynand Du Toit, qui avait été capturé deux ans auparavant en Angola alors qu’il tentait de saboter des installations pétrolières dans l’enclave du Cabinda.

Le 13 décembre 1988, le « protocole de Brazzaville », qui est neuf jours plus tard entériné au siège des Nations unies à New York, lie le départ des quelque 50.000 soldats cubains présents en Angola au repli des troupes sud-africaines à l’intérieur de leurs frontières et à l’accession à l’indépendance de la Namibie, jusque-là occupée par l’Afrique du Sud et utilisée comme base arrière pour faire la guerre à l’Angola, aux côtés du rebelle Jonas Savimbi (UNITA).

L’accord de Brazzaville, qui n’aurait pas vu le jour sans le président congolais Denis Sassou N’Guesso comme médiateur, conjugue mes efforts dans les coulisses avec la politique américaine dite de « l’engagement constructif » menée au grand jour par Chester Crocker, le « Monsieur Afrique » de Ronald Reagan.

Treize mois plus tard, en février 1990, Nelson Mandela quitte sa cellule en homme libre, après vingt-sept années de détention. Mon « complot pour la paix », à savoir l’idée que le régime d’apartheid, une fois qu’il aurait accepté de faire la paix avec ses voisins marxistes, accepterait aussi de négocier avec l’ANC de Mandela une sortie pacifique de l’apartheid, a abouti. C’est cette histoire, riche en rebondissements, que retrace le documentaire sud-africain Plot for Peace (2013).

Des décorations de « l’ancienne » et de la « nouvelle » Afrique du Sud

Ce film s’achève avec la libération de Mandela. En réalité, j’ai continué à aplanir l’avènement d’une « nouvelle » Afrique du Sud. En 1990, j’ai notamment organisé en coulisses la venue à Paris du président Frederik De Klerk, la première visite en France d’un chef d’État sud-africain depuis plus de quarante ans. De Klerk est reçu par le président François Mitterrand, qui a appuyé mon action en Afrique australe après la fin de la cohabitation avec Jacques Chirac.

En 1994, quand Mitterrand cohabitera avec Édouard Balladur, je serai fait Chevalier de la Légion d’honneur (j’avais déjà été fait Chevalier de l’ ordre National du Mérite en 1987).

Ma fierté. Nelson Mandela m’a élevé en 1995 au grade de Grand Officier de l’Ordre de Bonne Espérance, la plus grande distinction de l’Afrique du sud , dans lequel j’étais entré en 1987 lorsque Roelof « Pik » Botha, le chef de la diplomatie sud-africaine, m’avait distingué pour mon rôle dans l’échange des prisonniers de guerre à Maputo.

Je suis ainsi le seul étranger à avoir été décoré à la fois par l’ancien régime et par la « nouvelle » Afrique du Sud post-apartheid (de nombreux autres pays africains m’ont également honoré, entre autres, je suis Commandeur de l’ordre du Mérite Congolais, Grand Croix de l’Étoile d’Anjouan. Je suis également Consul Honoraire du Mozambique en République du Congo).

Enfin, au mois d’Avril 2015, j’ai été élevé au rang d’Officier de la Légion d’honneur.

Mes autres médiations en Afrique

Depuis, je n’ai pas cessé de servir d’intermédiaire pour désamorcer des conflits. En 1989, j’ai entrepris une médiation aux Comores pour persuader le mercenaire Bob Denard, auteur d’un énième coup de force, à quitter l’archipel.

En 2002, j’ai pris part aux pourparlers de Sun City, qui ont abouti au partage du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC) entre le président Joseph Kabila et plusieurs leaders rebelles, dont Jean-Pierre Bemba à la tête du Mouvement pour la libération du Congo.

Or, la règle d’or en la matière c’est qu’il n’y a pas de bons offices sans discrétion. J’ai ainsi attendu plus de vingt ans avant de révéler les dessous de la paix en Afrique australe et de la fin de l’apartheid. Si la réussite de mes actions en cours en dépend, j’attendrai autant de temps avant d’en parler.

Une nouvelle aventure : la Fondation Brazzaville

Depuis 2014, je suis engagé dans une nouvelle aventure avec la création de la Fondation Brazzaville, inspirée par mon ami le président congolais Denis Sassou Nguesso et dont dont je suis le Président. La Fondation a été créée, un quart de siècle après l’accord de Brazzaville, dans le but de perpétuer l’esprit et le modus operandi de cet accord historique qui, dans une situation apparemment inextricable, a instauré la paix par un dialogue informel mené dans la plus grande discrétion.

La Fondation s’emploie à résoudre des conflits ou des différents et protéger l’environnement dans le monde entier, en prêtant une attention particulière à l’Afrique. Enregistrée à Londres où elle a le statut légal d’« organisation charitable », elle intervient à la demande d’États en guerre civile ou en conflit ainsi qu’en appui d’organisations régionales ou multinationales. Il s’agit d’une structure indépendante, impartiale et qui s’impose une discrétion absolue.

La Fondation Brazzaville est parrainée par S.A.R. le prince Michael de Kent.  Je suis fier que d’éminentes personnalités telles que Lord Bell de Belgravia ou encore le Dr Mathews Phosa aient accepté de mettre en commun leurs idées, leurs contacts et leurs expériences au service de cette cause.

Groupe Fort

À aucun moment, je n’ai négligé mes affaires, qui conditionnent ma capacité à intervenir en faveur de la paix. Dans les années 1980, j’ai représenté de grandes entreprises françaises – notamment Thomson – en Afrique. Je suis entré au conseil d’administration de CDF-Chimie et de Charbonnage de France. De 1984 à 1989, j’ai dirigé la Coal Trading Corporation (CTC).

En 1994, j’ai créé Gestilac SA, puis, en 2002, PanAfConsultancy GmbH à Zurich et Pan Africa Consulting à Hong-Kong. Aujourd’hui, je regroupe toutes mes sociétés dans une seule holding, le groupe Fort.

J’ai également exercé les fonctions de Conseiller du Commerce Extérieur de la France durant de nombreuses années .

En somme, la vie continue. A bientôt 70 ans, je suis persuadé que le plus beau reste à venir…

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